Maurice Thévenet : “Soft skills, hard virtues” (appel à contributions “Crise sanitaire et société de compétences”)
Le master Management de la formation de l’Université Paris-Dauphine PSL et Centre Inffo ont lancé un appel à contributions en direction des professionnels de la formation pour connaître leurs analyses, projections, projets, attentes, engagements pour le “monde d’après” confinement. Maurice Thévenet, professeur à l’Essec Business School et délégué général de la Fnege, inaugure cette rubrique !
Par Maurice Thévenet
Le thème des soft skills a-t-il résisté au virus ? Les soft skills sont-elles encore d’actualité ou la question est-elle passée aux oubliettes comme celle du bien-être et du slow management face à l’urgence de la crise et à l’impératif d’en inventer l’après ?
Quelles que soient les situations, il sera toujours utile de mieux se connaître et de savoir exploiter son potentiel de personne humaine, il faudra toujours travailler dur à mieux interagir, collaborer avec les autres, et dans un monde aussi incertain, une fois passée la période de la “drôle de crise” pour paraphraser Roland Dorgelès, chacun devra bien savoir s’interroger sur sa place, son rôle et son espérance dans un univers soudain moins certain et lisible. On pourrait donc dire que les soft skills s’avèrent encore plus nécessaires dans un temps d’incertitude quand il faut se réinventer avec le monde qui va autour.
En effet, plutôt que de référentiels de compétences, c’est de vertus solides dont les managers et les collaborateurs vont avoir besoin, c’est-à-dire cette force personnelle pour agir correctement dans un monde inédit. C’est effectivement de vertu et pas simplement de compétence ou de simple motivation dont il va falloir faire preuve pour éviter les trois pièges qui guettent toute personne en situation professionnelle.
Le premier piège est celui de la politique. Aujourd’hui, l’exigence est de tenir son rôle, faire face à l’urgence tout en essayant de préparer l’avenir ; il faut donc faire plutôt que de discuter et de se mettre à la place des politiques ou des virologues.
Le deuxième piège est celui des prévisionnistes. Ils sont nombreux à prévoir ce qui va se passer ; ils ont peut-être raison mais on ne le saura qu’après. En revanche, quelle que soit sa position, l’enjeu est d’espérer pour assumer la situation plutôt que de se soumettre aux augures.
Le troisième piège est celui du passé. C’est un piège alternatif, celui d’imaginer que la vie d’après sera comme avant ou de vouloir du passé faire table rase. Il s’agit alors de prendre le risque de s’ouvrir au réel plutôt que de se replier sur ces conceptions trop simples.
Les soft skills sont un moyen d’éviter ces pièges, mais encore faut-il continuer de les développer.
La première consiste à reconnaître sa place de bipède dans un monde dont l’histoire nous enseigne la modestie vis-à-vis de ses constantes, de ses crises récurrentes avec leurs conséquences probables mais aussi les voies de sortie : seule cette humble reconnaissance de la réalité permet d’en éviter les déboires.
La deuxième est l’ouverture, la disponibilité à la nouveauté dans les événements, la conjoncture ou les comportements des autres.
La troisième de ces soft skills tient aux relations, à tout ce qui rend possible et améliore la coopération ; celle-ci ne va pas de soi, elle ne résulte pas de la magie du collectif, ni de la volonté de coopérer mais de l’effort persévérant de travailler ensemble et efficacement à un but commun.
La crise sanitaire génère des situations nouvelles pour les individus, les entreprises, sommés d’inventer de nouveaux modes d’action.
Le master Management de la formation de l’Université Paris-Dauphine PSL et Centre Inffo ont lancé un appel à contributions en direction des professionnels de la formation pour connaître leurs analyses, projections, projets, attentes, engagements pour le “monde d’après”.
Les contributions seront publiées dans Le Quotidien de la formation et disponibles sur le site et les réseaux sociaux de Centre Inffo.