Littérature, management et travail (volume 3 )

APPEL A ARTICLES

LITTÉRATURE, MANAGEMENT ET TRAVAIL (volume 3)

De Geuser, Dickason, Guénette

Après un premier ouvrage, intitulé Littérature et management, et paru aux éditions L’Harmattan en 2018 (voir le compte-rendu de Ghislain Deslandes : https://www.youtube.com/watch?v=mhD4axO9lCw), suivi par un second volume en 2021, nous renouvelons notre invitation à nous soumettre une proposition d’ici le 15 septembre 2022 afin d’éditer un troisième volume sur le thème Littérature, management et travail.

Appel

Comme pour les deux premiers volumes, le troisième regroupera des articles rédigés en français d’une longueur de trois à six mille mots articulant management, sociologie, économie, organisation et travail (liste non exhaustive) à la littérature.

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Dans les écoles management, des auteur∙es ont, à l’instar de James March pour mentionner l’un des plus connus, utilisé la littérature comme vecteur d’enseignement. C’est, du reste, un de ses articles qui a été à l’origine du projet de premier ouvrage Littérature et Management et l’a ouvert.

 

Dévoiler, comprendre, analyser la fabrique du travail, la fabrique organisationnelle et managériale est loin d’être aisé tant le maelström de jeux et/ou enjeux décisionnels, stratégiques, psychiques, comportementaux, relationnels, structurels… ainsi que la diversité des agencements organisationnels et des situations de gestion (conceptualisés par Jacques Girin) rendent le déchiffrage du rébus managérial et organisationnel complexe… qui plus est lorsque viennent s’ajouter au tableau des mutations protéiformes, d’ordre environnemental, organisationnel ou managérial, changements choisis ou subis, à la temporalité plus ou moins resserrée ou étirée, renforcés ou modulés par des chocs externes (économiques, sanitaires…).

 

Disjonctions discursives, non-dits, silences, dissemblances, vraisemblances, ressemblances, déviances, transgressions, résonances, dissonances, détournements d’usages, contrefaçons, sublimations, paradoxes, coopérations, trahisons, coexistence de signifiants contradictoires, tropismes managériaux… viennent teinter la res gestae (pour reprendre Armand Hatchuel) et sont autant d’aspects susceptibles d’être révélés par la mise en mots littéraire, les récits d’activité, les schémas narratifs, le regard différent du locuteur, la remémoration de l’altérité, de l’indiscipline, de la conflictualité…, bref, par le foisonnant et éloquent florilège littéraire qui s’offre à l’analyse des chercheur∙es.

 

Les contributions à ce troisième opus Littérature, management et travail pourront s’insérer dans trois parties principales :

 

Première partie : La littérature au service de la compréhension du management et de l’organisation du travail ou le manager et l’observateur du travail comme héros de littérature

 

La littérature offre une variété de témoignages et de modalités de compréhension des enjeux des situations de travail et permet ainsi d’y donner accès différemment par rapport aux ouvrages classiques du management ou des sciences du travail. En particulier, par une focalisation sur des expériences peu documentées par la littérature académique classique (par exemple la fraude ou l’échec) ou sur des perspectives rarement mobilisées (l’esthétique, la stylistique, la futurologie…). Donner à voir le travail ou le management comme un roman, un poème, une nouvelle… peut ainsi renouveler nos points de vue sur les différentes questions dans nos disciplines respectives. Ainsi, les auteur∙es pourront par exemple étudier la représentation du travail et du management dans la littérature (par exemple : le contrôleur chez Gogol ; l’hypocrisie managériale chez Ibsen, ...) mais aussi mobiliser soit un genre littéraire spécifique (la science-fiction, les mémoires…) pour proposer une lecture originale d’une question classique, la revisiter (par exemple la question du pouvoir relue à travers la science-fiction…), ou bien encore se concentrer sur une problématique spécifique et mobiliser la littérature pour en enrichir l’analyse (le spleen baudelairien comme apport à la notion de bore out…).

 

Pour synthétiser, ce qui est recherché ici est une approche où l’observateur du travail, le manager sont considérés comme des héros (au sens de « personnage central ») de la littérature :

1. Représentation du travail et du management à travers la littérature

2. Comment la littérature peut aider la compréhension du travail et du management :

À travers un courant littéraire, par ex. : science-fiction, genre…

À travers une thématique, par ex. : souffrance au travail, comptabilité…

À travers la mobilisation de la littérature dans les pratiques d’enseignement (auto-fiction, atelier d’écriture, …).

 

Deuxième partie : Le management et l’organisation du travail comme activités littéraires ou le manager et organisateur comme auteur

 

Le manager, pour organiser le travail, est un producteur de textes et de récits, en grand nombre : règles, plans, rapports, instructions, analyses, … et surtout e-mails. Le contenu et la fonction de ces textes a commencé à être analysés, mais principalement sous la perspective de la sémiologie et du rapport à la véracité de ces textes. Cependant, la dimension littéraire de cette production reste à construire ou, du moins, à approfondir. Le rôle, en particulier, du style, des effets narratifs, de la créativité… sont des questions qui sont encore ouvertes. C’est donc le manager comme auteur qui est interrogé ici. Ceci peut contribuer à un renouvellement de notre approche du manager et de son autorité, en suivant Victor Hugo qui annonçait que la seule source réellement légitime de l’autorité, est celle de l’auteur de l’œuvre. Cette approche rejoint aussi les travaux de Grenouillet et al. sur la LAMEN (la LAngue du Management et de l’Économie Néo-libérale).

 

Les contributions pourraient alors traiter de :

1.     1. Production de texte : il s’agirait idi d’utiliser les catégories classiques de l’analyse littéraire pour davantage comprendre les modalités de production des textes et documents managériaux et organisationnels et en analyser à la fois les mécanismes performatifs et les limites.

2.   2. Style : de même, il est possible de considérer l’existence ou non d’un style managérial par opposition à d’autres fonctions ou de discuter la place possible pour chaque manager de développer son propre style. Cette question renvoie à l’espace souhaitable ou non pour une personnalisation des pratiques managériales et de travail, incarnées ici par cette notion de style.

3.     3. Créativité, auteur/autorité : par le truchement de la littérature, il est aussi possible d’analyser la place de thèmes structurants et communs en management et en littérature : la créativité, le sens du beau (le beau travail par exemple), la notion d’auteur, la réflexivité, la place des émotions et sentiments…

 

Troisième partie : Il était une fois le management et l’organisation du travail

Enfin, nous souhaitons faire une place pour des œuvres littéraires consacrées au management et au travail. Par conséquent, nous accueillerons volontiers des poèmes, des nouvelles ou autres formes courtes traitant de questions managériales et d’organisation du travail dans une perspective littéraire : haïkus, sonnets, nouvelles, fables… dédiés au management et écrits par des praticiens ou des académiques en management. Ceci constituerait une des contributions originales de cet ouvrage.

 

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Trois types d’objectifs, non exclusifs, peuvent être visés dans les contributions à ce troisième opus : articuler littérature et recherche en sciences du travail et de gestion, littérature et pratique gestionnaire ainsi que le lien entre littérature et pédagogie du management (comment se servir de la littérature pour enseigner le management).

 

Cet appel est adressé aux collègues en sciences de gestion et du travail et, d’une manière générale, en sciences humaines et sociales. Il est également adressé à des collègues venant du monde littéraire, enseignant∙es-chercheur∙es en littérature qui jugeraient un genre littéraire ou certain∙es auteur∙es comme étant particulièrement pertinent∙es pour comprendre le monde du travail et des organisations ou, plus largement, des aspects du monde social et économique actuel.

 

L’ouvrage projeté devrait intéresser, comme les précédents, les managers praticiens désireux d’élargir le champ de leur activité quotidienne à une dimension culturelle ; les enseignants en management pour y trouver un renouvellement de leurs approches pédagogiques ; les étudiants en formation de management ou en formation managériale…

 

Bibliographie indicative

DE GEUSER, GUÉNETTE (eds.) Littérature et management. Le management à la lorgnette littéraire ou la littérature au prisme du management ? Entrecroisements synesthésiques (volume 2), L’Harmattan, collection Conception et dynamique des organisations, 2021

DE GEUSER, GUÉNETTE (eds.) Littérature et management. Le management comme roman et le manager comme romancier ? (volume 1), L’Harmattan, collection Conception et dynamique des organisations, 2018

GIRIN, Langage, organisations, situations et agencements, avec la collaboration de CHANLAT, DUMEZ & BRETON, Presses de l’Université Laval, 2016

GRENOUILLET, VUILLERMOT-FEBVET (ed.), La langue du management et de l’économie à l’ère néolibérale. Formes sociales et littéraires, Presses Universitaires de Strasbourg, 2015

GRENOUILLET, Usines en textes, écritures au travail. Témoigner du travail au tournant du xixe siècle, Paris, Classiques Garnier, coll. « Études de littérature des xxe et xxie siècles », 2014

HATCHUEL, « Quel horizon pour les sciences de gestion ? Vers une théorie de l’action collective ». In Les Nouvelles Fondations des sciences de gestion (pp.21-64), DAVID, HATCHUEL & LAUFER, Mines ParisTech, Presses des Mines, 2012

MARCH, « Littérature et leadership », Revue économique et sociale, Lausanne, déc., 2001

 

 

Étapes

 

Nous invitons nos collègues intéressé∙es à répondre à l’appel à nous faire parvenir d’abord une proposition de contribution d’une longueur d’environ 300 à 500 mots d’ici la mi-septembre 2022 à l’adresse suivante : litterature@guenette.ch.

 

Une réponse sera donnée dans un délai d’environ deux semaines après réception de chaque proposition pour, dans le meilleur des cas, inviter son et/ou ses auteur∙es à proposer un texte définitif d’ici la fin du mois de mars 2023.

 

Ce texte sera lu et commenté et d’éventuelles corrections pourront être demandées avant la publication prévue en septembre 2023 (date indicative).

 

Appel émanant de

 

Fabien De Geuser (professeur à l’ESCP Business School)

Rebecca Dickason (maître de conférences à l’université Gustave Eiffel)

Alain Max Guénette (ancien professeur de la Haute École Arc, HES-SO)